« L’écoute est avant tout un lieu où la personne sait qu’elle peut parler sans être ni évaluée, ni conseillée, ni dirigée, sans se sentir critiquée, ni jugée, mais simplement écoutée. L’écoute est alors une présence active qui a pour but de susciter les paroles du patient et de soutenir le déroulement de ces paroles. Elle est à différencier du soutien parfois nécessaire lorsque le patient se trouve en pleine détresse, dans un effondrement de soi. Ce soutien ouvre ensuite à la parole du dedans. Il importe surtout que la position du thérapeute vis-à-vis du patient indique qu’il a confiance en lui, en sa capacité à se relever, à trouver en lui-même les moyens de supporter ce qui pour l’instant le déborde.

L’écoute nécessite que celui qui la pratique fasse le silence en lui-même, autrement dit fasse taire les échos de son propre moi, les jugements, les a priori, les identifications, les projections. Alors seulement le thérapeute peut capter les paroles de son patient par les perceptions qu’elles font naître en lui. Se mettre à la disposition de l’autre nécessite une disponibilité, des connaissances de ses capacités et de ses limites et demande en permanence une remise en cause de soi-même. L’écoute est exigeante: elle demande un investissement personnel dont nul ne sort sans un questionnement sur soi-même, sur la relation à l’autre, sur l’humain. L’écoute est un risque pour un enrichissement.

Écouter une personne, c’est lui permettre de penser tout haut pour relier ce qui a été momentanément ou durablement délié en lui-même, pour se relier à son histoire et se sentir à nouveau relié aux autres êtres humains.

L’écoute est un lieu de reconnaissance: beaucoup de personnes souffrent de ne pas être reconnues, de ce que leurs blessures invisibles ne sont pas reconnues. »